Le jour de l’insémination, l’idéal est de trouver une vache bien contentionnée, avec de belles glaires, des cornes utérines très toniques et un fond de corps jaune du cycle précédant, un follicule pouvant aller, suivant la race et l’âge, de 13 à 23 millimètres en moyenne. Quand on insémine une vache comme ça, on a de grandes chances qu’elle féconde ! Le but étant d’accompagner nos éleveurs pour tendre vers cette situation, sachant par expérience qu’inséminer sur la 3ème chaleur cyclée entre 80 et 100 jours après vêlage est le meilleur moment pour réussir l’insémination sur une vache en bonne santé.
La clé d’une insémination réussie, c’est de connaître le passé de la femelle, depuis le vêlage, voire avant le vêlage, et jusqu’à la repro d’après. Quel était la note d’état corporel de la vache en fin de lactation ? Une vache tarie doit être bien nourrie avec une concentration de la ration sur les 3 dernières semaines de gestation pour garantir une bonne transition alimentaire et ne pas perdre trop d’état au vêlage.
Quelles ont été les conditions de vêlage ? La vache a-t-elle une bonne involution utérine, des chaleurs bien marquées ? Est-elle bien cyclée ?
Les échographies sont au cœur de cette réussite, car elles nous fournissent nombre de ces précieuses données. Notre métier aujourd’hui, c’est d’abord l’échographie, l’analyse et le conseil que l’on peut proposer aux éleveurs. Chaque jour, je sors l’échographe, curieux de voir les matrices, pour savoir, et pour proposer mon expertise, mes conseils. Inséminer une vache qu’on n’aurait pas vu depuis 1 an, c’est inséminer à l’aveugle ! Et une insémination sans échographie, c’est comme avoir une voiture sans jauge d’essence. On ne sait pas jusqu’où on va pouvoir aller.
Depuis 9 ans que je propose l’écho Aptitude et 3 ans l’écho le jour de l’IA, la demande des éleveurs ne cesse d’augmenter. Ces 2 services vont de pair, et aujourd’hui, près de 70% des laitières de mon secteur en bénéficient.
L’échographie Aptitude permet de vérifier l’involution utérine dès 25 à 30 jours après vêlage.
L’écho le jour de l’IA permet quant à elle de voir si l’animal est apte à être inséminé ce jour-là. On regarde tout ce qui se passe autour de l’ovaire pour détecter d’éventuelles anomalies. L’intérêt est d’écarter les animaux qui ne sont pas prêts à être inséminés, pour ne pas gâcher de dose ni gaspiller d’argent. Chez certains éleveurs, on en profite aussi pour voir si ce sont des animaux que l’on fait en XtremiA, ou pas. L’intérêt de l’écho le jour de l’IA, c’est vraiment le gain généré en n’inséminant pas inutilement. L’éleveur économise le prix de l’insémination et le retour derrière. Cette échographie permet de baisser le Coefficient d’Utilisation Paillette. Echographier le jour de l’IA sensibilise aussi les éleveurs à l’importance de l’involution utérine et aux problèmes que peuvent avoir les animaux. Certains arrivent à travailler plus en amont sur les vaches qui ne viennent pas en chaleurs ou qu’ils ne voient pas en chaleurs. Découvrir la métrite le jour de l’IA, c’est embêtant. Et ça arrive plus fréquemment chez les gens qui ne font pas de PERF’ALL ou de PERF’ASSUR.
Avec le constat de gestation, l’intérêt est d’échographier les animaux avant 40 jours, pour pouvoir gagner un cycle. Identifier les animaux vides permet de réduire l’intervalle vêlage-vêlage. Il faut échographier le plus tôt possible.
Inviter les éleveurs à prêter attention à l’état de l’animal, à la production, à tout ce qui va impacter la santé de leurs vaches, les responsabilise. Je les sens de plus en plus concernés par la repro. Notre travail, c’est de les informer et de les accompagner, de leur donner les bons outils pour mieux organiser la repro. Ils savent où en sont leurs animaux dans leur cycle, et s’il y a un problème, peuvent l’identifier pour le traiter. Les éleveurs sont très demandeurs de ça, ils sont moins dans l’inconnu.
Le but final des échographies, c’est de faciliter le travail des adhérents et qu’ils gagnent de l’argent ! Depuis que nous y avons recours, le nombre de vaches à 3 IA et + a considérablement baissé. Avant, j’étais frustré de ne pas avoir de solution à apporter aux éleveurs. Aujourd’hui, on ne fait plus le même travail, on est très technique, et c’est ce qui fait que notre métier existe encore aujourd’hui. Il faut se développer, aller de l’avant, aider les éleveurs ! Le suivi repro permet d’augmenter la réussite à l’IA tout en utilisant une forte proportion de doses sexées sur des animaux dont le potentiel laitier a augmenté, ce qui permet aux éleveurs d’assurer un renouvellement avec une plus-value génétique. Par notre expertise, notre œil extérieur et notre capacité à apporter un conseil supplémentaire, nous faisons notre maximum, tout en gardant beaucoup d’humilité par rapport à la complexité de la repro, intimement liée au vivant.
Pour moi, il est clair que les échographies, loin d’être une charge, sont un investissement qui permet d’améliorer les performances technico-économiques de l’élevage. C’est par elles que les éleveurs peuvent diminuer les coûts (inséminations, déplacements, frais vétérinaires,…), en améliorant les débouchés (réduction du nombre de jours improductifs, augmentation du nombre de veaux nés…). Dépenser 1 € dans la repro permet d’en gagner au moins 2 !