Rien de mieux que les Journées Techniques Caprines pour se tenir informés des actualités techniques et professionnelles de la filière ! Nos envoyés spéciaux s’y sont rendus en mars dernier… Retour sur les facteurs de variabilité de la réussite à l’IA, avec Séverine FONTAGNERES, Technicienne caprine pour XR Repro & Rhône Conseil Elevage…
« Les Journées Techniques Caprines 2024 ont été l’occasion, pour l’IDELE, de promouvoir les résultats d’une étude visant à valoriser les données enregistrées en 20 ans par les Stations Expérimentales du Pradel, en Ardèche et de Grignon, dans les Yvelines. A l’échelle des 2 troupeaux, sur plus de 3000 lactations, l’analyse des trajectoires de lait, de poids et de Note d’Etat Corporel permet d’affirmer que la conduite des animaux reste complexe du fait de la diversité des profils de chèvres. Toutefois, 3 facteurs sont confirmés comme leviers de réussite de la reproduction : le stade de lactation au moment de l’insémination, la reprise d’état et la persistance laitière…. La preuve par les chiffres !
Le stade de lactation est déterminant pour la réussite à l’IA
L’analyse des données confirme que le stade de lactation reste essentiel.
Les chèvres inséminées dans l’intervalle [180 jours à 225 jours] après mise-bas montrent des résultats de fertilité de 15 points supérieurs aux chèvres qui ont moins de 6 mois de lactation.
Il est préférable de ne pas inséminer les chèvres qui ont plus de 240 jours de lactation. Ce sont en général des femelles qui ont eu un échec de reproduction l’année passée, et par conséquent souvent des animaux trop gras.
En tant que Technicienne, au moment des plannings d’accouplement, je fais toujours attention à ce critère de tri pour ne mettre à la repro que les femelles ayant un minimum de 180 jours de lactation après mise-bas, l’idéal étant entre 6 et 7 mois.
La dynamique du poids est un critère de tri à intégrer dans le choix des animaux mis à la reproduction
A travers l’analyse de la courbe du poids, l’étude a montré que la reprise de poids au moment de la reproduction, entre 180 et 210 jours, favorise la réussite à l’insémination.
C’est pourquoi il est important, toujours au moment du planning, de sensibiliser l’éleveur à la dynamique du poids.
L’idéal est de regarder la Note d’Etat Corporel à trois reprises : avant, pendant et après la repro. Il faut pour cela observer la réserve corporelle au niveau du sternum, entre les pates de devant, ainsi que la couverture de graisse à l’arrière de la chèvre, sur les lombaires
Au moment du planning, qui se fait environ 1 mois avant la mise à la reproduction, il faut que les animaux commencent à reprendre de l’état. C’est le bon moment pour rectifier la ration avec un apport énergétique plus ou moins conséquent, en fonction de l’Etat des chèvres.
La persistance laitière à 7 mois impacte les résultats de reproduction
Tous les éleveurs rêvent d’avoir des chèvres ultra productives, avec un pic de lactation rapide après la mise-bas, et une performance stable le plus longtemps possible. Or nous savons qu’une forte productivité laitière amaigrit les chèvres et conduit à un surcroît de prolactine qui ralentit la capacité à ovuler.
Les chiffres de l’étude rappellent à travers différents profils de chèvres, que la persistance laitière va à l’encontre de la réussite à l’IA. Ce facteur est donc à considérer avec attention au moment de la mise à la reproduction.
Accepter une baisse contrôlée de la production laitière, 7 mois après la mise-bas, peut en effet participer à améliorer la fertilité. L’éleveur a la possibilité, à ce moment-là, de faire attention à l’équilibre de sa ration.
Cette étude a le mérite de renforcer notre connaissance des facteurs limitant ou favorisant la réussite à l’insémination pour engager un échange constructif avec les éleveurs. Tout est question d’observation, de décisions, de choix… pour parvenir à la meilleure performance technique et économique de l’exploitation. »