Installés dans le Rhône sur la commune de Longessaigne, les associés du GAEC des Deux Vallons conduisent un troupeau de 65 laitières sur un système typique des Monts du Lyonnais, avec pâturage et ensilage de maïs. Pour répondre aux besoins en lait d’été de la laiterie et faire face aux canicules, Cédric DIVINIA nous explique comment il a dû adapter ses pratiques d’élevage. Regard croisé avec Alexandre BATIA, son Conseiller Elevage…
PRODUIRE DU LAIT D’ETE EN PERIODE DE FORTES CHALEURS
« Pour répondre aux besoins de notre laiterie, explique Cédric DIVINIA, nous avons dû concentrer les vêlages sur la période d’été pour avoir un plus grand nombre de vaches en lactation et ainsi accentuer la production sur les mois de juin à octobre. Période durant laquelle nous rencontrons de plus en plus de canicules et des écarts de températures importants.
Pour faire face au stress thermique, nous avons adapté nos pratiques en distribuant la ration en fin de journée et en laissant pâturer les animaux la nuit quand il fait plus frais. Des abreuvoirs ont également été rajoutés dans le bâtiment afin d’augmenter le linéaire disponible par vache. Pour des vaches hautes productrices, il doit être d’au moins de 10 cm par animal pour répondre à une consommation d’eau jusqu’à 150 litres.
Pour la deuxième année de suite, nous avons choisi de n’avoir qu’un seul front d’attaque au niveau des silos, en réétalant le fond de silo de maïs restant de l’année précédente et en rajoutant par-dessus l’herbe du printemps. Ça permet de n’avoir qu’un seul silo d’ouvert, et ainsi de limiter l’échauffement de celui-ci avec un meilleur avancement. Mais nous avons aussi adapté la ration pour améliorer l’ingestion.»
ADAPTER LA RATION POUR UNE MEILLEURE VALORISATION
EN PERIODE DE FORTES CHALEURS
Pour Alexandre BATIA, Conseiller Elevage auprès du GAEC des Deux Vallons, « une vache a tendance, durant les fortes chaleurs, à rester debout afin de mieux ventiler son corps.
Elle va du coup en oublier d’ingérer, ce qui va engendrer une baisse d’UF ingérée, donc une mobilisation des réserves graisseuses et ainsi favoriser le phénomène d’acétonémie, avec un déficit énergétique et donc une baisse du TP.
C’est pourquoi il est nécessaire d’apporter plus d’énergie pour moins de volume ingéré. La ration des laitières doit avoir une concentration énergétique supérieure à 0,9 UFL/kg/MS pour combler une diminution d’ingestion jusqu’à - 10 %.
Pour éviter les chutes de production laitière, il faut également inciter l’ingestion avec une ration appétente qui soit remplie de flaveurs. Pour cela il faut utiliser des tops fourrages très digestibles mais aussi peu triables, avec des particules inférieures à 40 millimètres. La ration doit être souple et homogène afin de limiter les phénomènes de tri.
Des conservateurs d’ensilage peuvent également être incorporés pour diminuer les risques d’échauffement et ralentir le processus de fermentation des silos lors de l’ouverture en période estivale. En plus d’avoir une ration appétente et équilibrée, on peut également rajouter des additifs comme le bicarbonate de sodium qui va avoir un effet tampon pour éviter les chutes de pH du rumen lors d’ingestions importantes.
En période de fortes chaleurs, les vaches vont d’avantage transpirer et évacuer du sodium, c’est pour cela qu’il est important d’apporter du sel dans la ration.
Au Gaec des Deux Vallons, l’ensilage de maïs est le pilier de la ration, c’est lui qui apporte l’énergie. L’ensilage d’herbe joue quant à lui le rôle de baromètre ; la céréale à paille, le maïs grain et le tourteau assurent l’équilibre. Cela permet d’avoir une ration complète très appétente avec de très bons fourrages remplis de flaveurs. »
UNE PRIORITE : LA GESTION DES VACHES TARIES
« En période de stress thermique, on parle beaucoup de la ration des vaches laitières mais on oublie de parler des taries, alors que pour moi c’est l’essentiel, explique Alexandre BATIA.
Pour cela il faut assurer l’encombrement avec du foin très appétent et distribuer de l’ensilage de maïs qui va permettre de concentrer la ration en énergie.
Il est également important de satisfaire les besoins en minéraux qui sont spécifiques aux vaches taries.
Il faut aussi assurer le confort des taries en privilégiant de l’aire paillée plutôt qu’un système logette. La vache à besoin de se coucher pour se reposer durant la période de tarissement.»
Depuis 3 ans, les associés du Gaec apportent un soin tout particulier aux vaches taries, en ajoutant à la ration spéciale tarie du maïs et du foin appétant. « Ça nous a permis d’avoir des vaches fraiches vêlées qui attaquent mieux la ration, explique Cédric DIVINIA. Les vaches démarrent mieux en lactation. On a observé moins d’œdèmes mammaires. Les veaux ont une meilleure capacité à démarrer avec une meilleure croissance. »