En contrat de professionnalisation au sein du service Technique d’XR Repro, Noémie Brun a pu procéder, dans le cadre de son mémoire de fin d’études à l’Ecole d’ingénieurs VetAgro Sup, à l’analyse du progrès génétique et de l’amélioration des performances techniques et économiques obtenus grâce au génotypage dans certains élevages laitiers de la coopérative. Explications et résultats…
L’intérêt de mesurer l’impact du génotypage chez XR Repro
L’arrivée de la génomique en 2009 a permis d’augmenter la précision de sélection et de réduire l’intervalle de générations. Elle constitue une innovation majeure grâce au génotypage de massification, proposé aux éleveurs laitiers dès 2013.
En 10 ans, le nombre de génotypages n’a cessé d’augmenter. Plus de 10 000 prélèvements ont été réalisés en 2020-2021 (soit 34% de plus que la campagne précédente), notamment chez les éleveurs Montbéliards et Holstein d’XR Repro, les 2 principales races laitières de la coopérative.
Si le génotypage permet d’optimiser les stratégies de sélection dans un but d’adaptation des systèmes de production et de rentabilité, ses retombées économiques ne sont pas immédiates et son coût fait de cet outil un investissement.
« Convaincue de l’intérêt du génotypage, explique Noémie, XR Repro a donc engagé 2 actions en 2020-2021 pour soutenir son développement. D’abord en proposant aux éleveurs une aide financière, entre octobre 2020 et avril 2021, reconduite plus largement sur cet exercice 2021-2022, qui a fait exploser la demande avec 130 nouveaux élevages qui ont ainsi pu profiter de l’occasion qui leur était donnée de découvrir ce service. Ces résultats montrent bien que de plus en plus d’éleveurs sont dans l’attente de telles innovations capables de les aider à atteindre plus rapidement leurs objectifs, et que la coopérative a un rôle à jouer pour les accompagner dans ce changement.
La deuxième action a été de caractériser le progrès génétique et l’amélioration des performances techniques et économiques enregistrés dans des élevages laitiers d’XR Repro. Cette étude, sujet de mon mémoire, a répondu au souhait de la coopérative de prendre du recul sur l’utilisation de l’outil et d’apporter des éléments de réponse chiffrés aux adhérents. Attendre 10 années pour évaluer les effets du génotypage sur les performances des troupeaux et ses impacts sur l’évolution des conduites était nécessaire pour bénéficier de données de terrain suffisantes. »
Le cadre de l’étude en bref !
L’étude portant sur le progrès génétique et sur les performances techniques des bovins lait au sein d’élevages pratiquant le génotypage, le premier critère de tri a porté sur l’ancienneté d’utilisation de cet outil. L’activité massale (hors schéma de sélection) s’étant réellement mise en place en 2013, les élevages de l’étude devaient recourir au génotypage depuis cette date.
Le deuxième critère a porté sur la race. Les élevages génotypant depuis 2013 devaient posséder des troupeaux de race Montbéliarde ou Prim’ Holstein, les deux races majoritaires sur la zone XR. Les indexations étant faites intra-race, la comparaison des niveaux génétiques de femelles de races différentes n’était pas envisageable.
Le troisième critère de tri a été l’adhésion au contrôle laitier afin de pouvoir étudier les données de production laitière des vaches.
Enfin, une attention a été portée au pourcentage de femelles génotypées par années de naissances. L’objectif étant de cibler au maximum des élevages génotypant la totalité de leurs génisses.
L’application de ces 4 critères de tri a permis de déterminer un échantillon de 19 troupeaux (14 Mo, 4PH, 1mixte) répartis sur 7 départements. Cela représentait au total 856 Prim’Holstein et 1748 femelles Montbéliardes de différents âges. Cette proportion par race au sein de l’échantillon est assez représentative de celle observée à l’échelle de la région AURA.
Afin d’étudier le progrès génétique des femelles génotypées de chaque élevage, 3 index ont été retenus : l’index LAIT, l’index TP, l’index TB.
Pour étudier les performances techniques des femelles, le choix a été fait d’analyser les volumes de lait et les taux enregistrés en première lactation, afin de renforcer la pertinence des éléments de comparaison et des résultats.
« L’amélioration des performances économiques a été estimée à partir de l’amélioration des performances techniques, ajoute Noémie. En travaillant sur des moyennes par année de naissance des femelles et les données de production ramenées a des lactations de référence (305j), j’ai ainsi pu traduire l’amélioration des performances laitières des primipares en rentrée d’argent supplémentaire pour l’éleveur. »
Impact technique et économique du génotypage
Cette étude a mis en évidence que l’amélioration des index des femelles s’accompagne d’une amélioration de leurs performances.
En moyenne, une primipare Montbéliarde née en 2018 produit 495L de lait supplémentaires accompagnés d’1,4g TP/kg et 1g TB/kg supplémentaires par rapport à la primipare née en 2013. En se basant sur des chiffres régionaux (Lait à 333€/1000L, 1 point de TP à 5.5€/1000L et 1 point de TB à 3€/1000L), cette augmentation de quantité et de qualité rapporte 244€ supplémentaires à son éleveur.
Sur la même méthode de calcul, la primipare Prim’Holstein née en 2018 rapporte à son éleveur 350 € de plus que la primipare née en 2013 sur la base de +935L, +0,4 points de TP, + 0,7 points de TB.
« Si le génotypage exige une certaine capacité d’investissement, il reste un véritable outil d’aide à la décision et offre de nombreuses opportunités aux éleveurs qui l’utilisent, chacun pouvant adapter la conduite et la stratégie de sélection propre à son troupeau, termine Noémie. Je tiens toutefois à préciser que ces résultats sont propres à mon échantillon de femelles et que des biais viennent influencer les résultats de mon étude. En effet, l’effectif de femelles par année de naissance a parfois été limitant, et parmi les 19 éleveurs, il y avait une diversité de stratégies de sélection importante. Les taureaux utilisés au sein de ces élevages, le progrès génétique racial et les effets milieux viennent également influencer les résultats. Cette étude est donc loin d’être exhaustive, mais ces premiers chiffres sont satisfaisants et encourageants. Il serait intéressant d’ouvrir l’analyse à plus d’index et plus de performances. Plusieurs voix d’amélioration sont possibles mais cela nécessite d’y consacrer bien plus de temps et d’accéder à davantage de moyens. »
XR Repro s’associe à Noémie pour remercier l’ensemble des éleveurs impliqués dans cette aventure !