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Quelle génétique pour avoir une vache résistante aux fortes chaleurs ?

Dans un contexte où les exploitations agricoles sont de plus en plus victimes de fortes chaleurs durant la période estivale, il peut être intéressant de sélectionner des animaux plus aptes à résister.

Témoignage

« Au-delà des 22°C, une vache laitière est confrontée au stress thermique, c’est-à-dire qu’elle a une incapacité à maintenir et réguler sa propre température quand la chaleur et l’humidité sont élevées. Or il est prouvé qu’il y a une corrélation négative entre le stress thermique, la production laitière ainsi que la reproduction. »

MATHIEU CORNAYRE
XPERT Repro, groupe Centre Velay

La France, et notre Région, enregistrent depuis plusieurs années une succession d’étés très chauds et secs, voire caniculaires. L’impact sur la production et la reproduction des bovins et petits ruminants étant conséquent, XR Repro souhaite s’emparer du sujet pour réfléchir avec les éleveurs et les partenaires aux solutions préventives et curatives pouvant être mises en place.


Pour ce premier reportage, nous vous proposons de rencontrer Mathieu CORNAYRE, Xpert en Centre Velay, pour bénéficier d’un éclairage sur la génétique, levier d’amélioration…

 

IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN ELEVAGES BOVINS


« En France, explique Mathieu CORNAYRE, on observe une hausse des températures moyennes de 0,3°C par décennie. Les effets de ce changement climatique se traduisent par une augmentation des vagues de chaleur, par la sécheresse et par des événements météorologiques extrêmes…


Les fortes chaleurs impactent le comportement des animaux. Nous savons par exemple que les vaches sont confrontées au stress thermique à partir de 22°C, ce qui entraine une baisse d’ingestion et ainsi une baisse de production laitière. Durant un stress thermique de 8 heures, l’animal va en moyenne réduire de 2 kilos sa capacité d’ingestion, et diminuer sa production de 3 kilos de lait. On observe également une reproduction perturbée avec des manifestations de chaleurs plus courtes et moins intenses, la diminution du chevauchement, ce qui rend la détection des chaleurs plus difficile.


Face aux comportements inhabituels des vaches, les éleveurs seront vraisemblablement de plus en plus portés à les garder « au frais » dans les bâtiments, de façon à améliorer leur bien-être avec des systèmes de ventilation et de brumisation adaptés. Une évolution qui conduira les exploitants à trouver le bon compromis, à l’heure où les consommateurs se montrent très attentifs au fait que les animaux puissent être élevés en extérieur.


L’évolution constante des recherches génétiques est par ailleurs une voie importante à considérer pour aider les éleveurs à mieux sélectionner leur troupeau, sur des index qui favorisent la résistance au stress thermique. Bien que les travaux n’en soient qu’aux prémices, la génomique et l’utilisation du génotypage nous permettent quand même de travailler certaines pistes… »

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LES INDEX A FAVORISER

« Les index fonctionnels sont pour moi à prioriser, avec notamment la santé mamelle et la fertilité. Car durant les fortes chaleurs, les vaches ont tendance à avoir un taux cellulaire plus élevé ; il est donc important de sélectionner des animaux qui auront une meilleure santé mamelle. Les vagues de chaleurs perturbent également la reproduction des vaches laitières avec la manifestation d’oestrus moins intenses et plus courts ainsi qu’un développement folliculaire perturbé. Pour cela, il est donc important de sélectionner des animaux avec une bonne fertilité.


Au niveau de la morphologie des animaux, on s’aperçoit que les grandes vaches sont plus sujettes au stress thermique que les vaches de taille modérée. Moins lourdes et plus mobiles, elles sont plus aptes à se déplacer pour aller boire et manger et ainsi maintenir leur production laitière. L’objectif est ainsi de favoriser la largeur des animaux au détriment de la taille afin d’avoir des animaux mieux proportionnés. Les vaches capables de garder un bon état corporel durant les fortes chaleurs seront également plus aptes à résister.


Il est également important de travailler sur les aplombs car les vaches ont tendance à rester plus longtemps debout en cas de stress thermique afin de mieux évacuer la chaleur. Couchées, les vaches ont une température corporelle supérieure de 0,7°C.


Dans un contexte où les rendements fourragers sont également perturbés par le changement climatique, le poste « efficacité alimentaire » (en race Holstein), peut être recherché afin d’obtenir des vaches plus efficientes, qui auront besoin de moins de fourrages pour produire autant, voir plus de lait. »

 

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LES NOUVEAUX INDEX A SURVEILLER

Grâce à la génomique, les entreprises de sélection sont capables de développer de nouveaux critères d’amélioration génétique. C’est le cas en race Holstein, avec deux nouveaux index qui peuvent aider à performer la sélection des vaches.


« L’index « résistance aux lésions non infectieuses » par exemple, peut permettre de limiter les problèmes de pattes, précise Mathieu, quand en période de sécheresse les sols sont secs et durs.


L’index « acétonémie » est également à surveiller, car en période de fortes chaleurs, les vaches utilisent beaucoup d’énergie afin de ventiler et réguler leur température corporelle, ce qui peut engendrer un déficit énergétique et favoriser les problèmes d’acétonémie. »

RECHERCHES GENETIQUES SUR LA RESISTANCE AU STRESS THERMIQUE


« Aujourd’hui, dans certains pays chauds comme l’Australie ou les Etats-Unis, où le problème du stress thermique est important, des recherches sont menées sur le gène slick. Ce gène permettrait en effet une meilleure résistance au stress thermique, avec des animaux qui ont une température corporelle inférieure de 0,6°C et une production laitière moins perturbée, jusqu’à 4,5 litres de lait supplémentaires par jour par rapport à des animaux ne possédant pas ce gène. Celui-ci permettrait d’avoir une reproduction moins perturbée.


La France, pour sa part, est depuis Septembre 2020, engagée dans le projet CAICalor, pour étudier l’adaptation au changement climatique chez les vaches laitières en production et les reproducteurs d’élite laitiers et allaitants, sur les plans phénotypique et génétique. »


Précisons que le programme CAICalor (Caractérisation de l’Adaptation aux Impacts du stress) est financé par APIS-GENE, porté par l'Institut de l'Elevage et associe ALLICE et INRAE. Les travaux menés dans le cadre de CAICalor permettront d’évaluer les conséquences des vagues de chaleur sur différents caractères de production et de reproduction afin d’identifier les adaptations nécessaires pour les programmes de sélection, acquérir une meilleure compréhension du déterminisme génétique de la thermo-tolérance chez les bovins, estimer l’impact du stress thermique subi par les parents sur la programmation fœtale et les performances des descendants. CAICalor sera associé au programme Européen H2020 Rumigen, qui démarre ce mois de juin 2021.

LA GENETIQUE : UN LEVIER IMPORTANT DANS UNE APPROCHE PLUS GLOBALE…


« Dans les années à venir, termine Mathieu, il sera donc important de travailler sur la résistance au stress thermique des vaches laitières et allaitantes, mais aussi sur celle des caprins. Cela passera, nous l’avons vu, par la génétique avec des animaux plus résistants. Mais il sera aussi important de travailler les conditions d’élevage et l’adaptation de l’alimentation afin de favoriser le bien-être des animaux durant les fortes chaleurs. Tous les acteurs de notre filière sont impliqués et amenés à réfléchir ensemble. »

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