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Été chaud : comment éviter un coup dur pour la repro des chèvres ?

Face aux étés de plus en plus chauds, adapter les bâtiments est devenu une nécessité pour garantir le bien-être des chèvres.

Témoignage

Il faut aussi insister sur l'accès à l'eau, des petits abreuvoirs à poucettes ne sont pas assez efficaces quand il y a beaucoup d'animaux à faire boire en même temps .

Didier EYME
Xpert repro
Retour sur ... la JPO du Cap'Pradel d'octobre 2024. Nos Xperts repro étaient présents à la JPO pour retenir l'essentiel des expérimentations présentées. L'atelier « Adapter les chèvreries aux conditions estivales » a retenu leur attention, voici ce qu'ils en retiennent.

 

Le projet BATCOOL (« Bâtiments Adaptés aux Températures élevées pour les Caprins, Ovins viande et Ovins Lait ») apporte des solutions concrètes pour améliorer les conditions climatiques à l’intérieur des bâtiments. Retour sur les résultats obtenus au Pradel.

 

Pourquoi ces adaptations sont-elles essentielles ?

En été, la ventilation naturelle des bâtiments est souvent insuffisante, ce qui entraîne uneindices-de-confort-thermique augmentation de l’humidité, du CO2 et des risques microbiologiques. Une chèvre rejette plusieurs litres d’eau par jour (1.7L), contribuant à une atmosphère lourde et humide.

Ces conditions peuvent favoriser le stress thermique, mesurable à l’aide d’indicateurs tels que le Temperature Humidity Index (THI) et le Heat Load Index (HLI).

 

Comment reconnaître une chèvre en stress thermique ?

Certains signes visuels permettent d’identifier le stress thermique chez les chèvres :

  • Répartition des animaux : les chèvres cherchent systématiquement les zones leschèvres-stress-thermique plus fraîches du bâtiment, s’agglutinant près des ouvertures ou dans les espaces ombragés.
  • Position corporelle : les chèvres se couchent et lèvent le cou pour tenter d’évacuer la chaleur par le buste.
  • Halètement : ce comportement est un indicateur préoccupant et déjà avancé, signalant une difficulté accrue à réguler la température corporelle.

Le stress thermique, souvent observé lors conditions estivales, peut avoir des impacts significatifs sur la reproduction caprine. Voici les principaux effets identifiés :

 

Réduction des performances reproductives

  • Altération de la cyclicité : les chaleurs des chèvres peuvent être moins marquées ou complètement absentes en raison d’un stress thermique important. Cela complique la détection des périodes favorables à l'insémination ou à la monte naturelle.
  • Réduction de la qualité des ovocytes : les températures élevées affectent directement les ovocytes, réduisant leur qualité et leur capacité à être fécondés.
  • Baisse des taux de fécondation : les conditions de stress, combinées à une mauvaise qualité des ovocytes ou du sperme (chez les mâles soumis aux mêmes conditions), entraînent une diminution des taux de reproduction.
  • Provoque des mortalités embryonnaires : l’embryon est encore fragile en début de gestation. 

    infographie-stress-thermique-caprin

Les enseignements du projet BATCOOL

Le projet BATCOOL, qui s’étend de novembre 2021 à avril 2025, repose sur l’étude de 59 bâtiments dans des exploitations commerciales et des fermes expérimentales. Au Pradel, différentes configurations ont été testées :

  • Orientation des bâtiments : une orientation nord-est/sud-ouest réduit le stress thermique, contrairement à une orientation est/ouest qui augmente la température de 1,36 °C en moyenne.
  • Présence de plaques éclairantes : bien que pratiques, ces plaques augmentent la température et le THI, justifiant leur suppression dans les bâtiments modernes
  • Taille des ouvertures : des ouvertures larges améliorent la ventilation et abaissent significativement la température intérieure de 1,37 °C.
  • Ouverture au faîtage : les faîtières totalement ouvertes favorisent l’évacuation de l’air chaud par effet cheminée, réduisant le THI de 1,15 en moyenne.

 

Les solutions techniques pour réduire le stress thermique, plusieurs stratégies peuvent être combinées :

  1. Améliorer la ventilation naturelle : dégager les façades et limiter les volumes et largeur des bâtiments facilitent le renouvellement de l’air.

  2. Isolation et protection : installer des toitures isolées, éviter les rayonnements directs avec des débords et des bardages végétalisés.

  3. Ventilation mécanique : des ventilateurs à flux horizontal ou vertical sont utiles en cas d’insuffisance de la ventilation naturelle.

  4. Brumisation : bien que risquée en raison de l’augmentation de l’humidité, elle peut être efficace dans des zones très bien ventilées.

  5. L’accès à l’eau : sûrement la solution la plus efficace au stress thermique. A noter que des petits abreuvoirs à poucettes ne sont pas assez efficaces lorsqu’il y a beaucoup d’animaux à faire boire en même temps.

Un exemple concret : la toile d’ombrage au Pradel

Dans le cadre du projet Cap’Adapt, une toile d’ombrage a été installée pour réduire l’impact du soleil sur les caprins. Facile à poser et peu coûteuse (1 843 € tout compris), cette toile a toile-ombrage-cap-pradelmontré des résultats encourageants :

  • Une réduction du stress thermique sous l’aire équipée
  • Une fréquentation accrue des zones ombragées par les animaux
  • Une production laitière maintenue

 

Priorités pour l’avenir : adapter les bâtiments reste une étape essentielle pour préserver le bien-être animal. Les recommandations clés incluent :

  1. Respecter les bonnes pratiques de conduite (densité animale, paillage, eau)
  2. Réduire les rayonnements directs et indirects
  3. Favoriser la ventilation naturelle
  4. Installer des systèmes mécaniques si nécessaire
  5. Recourir à la brumisation en dernier recours

Les solutions présentées par le projet BATCOOL offrent des pistes concrètes pour faire face aux défis climatiques actuels. Il montre qu’il n’y a pas seulement une bonne solution, que chaque bâtiment à ses particularités et qu’il y a une multiplicité de solution pour faire face à cet enjeu.

 

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